Ernst Jünger
Orages d’acier
Extrait : « Le grand moment était venu. Le barrage roulant s’approchait des premières tranchées.
Nous nous mîmes en marche… Ma main droite étreignait la crosse de mon pistolet et la main gauche une badine de bambou. Je portais encore, bien que j’eusse très chaud, ma longue capote et, comme le prescrivait le règlement, des gants. Quand nous avançâmes, une fureur guerrière s’empara de nous, comme si, de très loin, se déversait en nous la force de l’assaut.
Elle arrivait avec tant de vigueur qu’un sentiment de bonheur, de sérénité me saisit. »
E. J.
Couverture : Ernst Jünger en uniforme pendant la Première Guerre mondiale.
D. R.
Texte intégral
Le Livre de Poche
« Le témoignage porté par le livre est celui d’un héros militaire. Jünger a été blessé quatorze fois et a souvent combattu en première ligne dans les Sturmtruppen à la fin de la guerre. Avec le grade de lieutenant, il est resté, avec le capitaine Erwin Rommel, le plus jeune soldat à avoir été décoré de l’ordre Pour le Mérite, distinction la plus prestigieuse de l’armée allemande.
Contrairement aux autres témoignages littéraires publiés sur la guerre des tranchées, ici, la peur ou le sentiment d’horreur face au déchaînement de la violence ne sont que brièvement perceptibles. Quand il s’agit de décrire les blessures ou les cadavres, la description demeure la plupart du temps « clinique » et détachée. La langue de l’auteur prend en revanche plus d’élan lorsqu’il s’agit de décrire l’émotion du combat, l’ardeur qui s’empare de lui au moment de l’assaut, la satisfaction d’avoir abattu un adversaire – sans jamais éprouver de haine à son égard. »
Source : Wikipedia
Comme évoqué dans l’article de Wikipedia, il ne faut pas s’attendre à trouver dans le livre d’Ernst Jünger la moindre compassion ou sensiblerie à l’égard des soldats, de la guerre et des horreurs qui l’accompagnent : violence extrême, blessures, vermine, pourrissement des corps, souffrance et mort.
L’auteur décrit la guerre en tacticien, en soldat, en officier parfaitement insensible et déshumanisé, entièrement dévoué à son pays. La guerre est une machine qu’il convient de faire fonctionner comme une mécanique bien huilée.
Mieux encore, il décrit l’arrivée des vagues d’assaut de l’ennemi comme un plaisir, un bonheur à venir.
Connaissant l’importance des pertes des régiments concernés, il est stupéfiant de lire à plusieurs reprises dans l’ouvrage, le peu de considération de l’auteur à l’égard des troupes anglaises qu’il n’hésite pas à traiter de couards.